Trouble Développemental de la Coordination / Dyspraxie
Le Trouble Développemental de la Coordination (TDC), encore couramment appelé dyspraxie dans la clinique francophone, est un trouble spécifique, structurel et durable pouvant toucher la planification, la programmation et l’exécution des mouvements volontaires. Ce trouble toucherait environ 5 à 6% des enfants scolarisés. Il existerait 1 à 2 % de formes sévères.
Le TDC se manifeste principalement dans des habiletés gestuelles, impactant les apprentissages scolaires (écriture, manipulation des outils scolaire…) et les activités de la vie quotidienne (habillage, hygiène, repas…). L’enfant est alors en difficulté pour automatiser les programmes moteurs nécessaires à la réalisation des gestes. Il montre une maladresse, des difficultés pour organiser ses gestes, une lenteur excessive et une importante fatigabilité. Les compétences motrices de l’enfant sont généralement fluctuantes et difficilement transposables dans un nouveau contexte. Les capacités attentionnelles de l’enfant sont mobilisées sur l’acte moteur pouvant conduire à une inattention secondaire et empêchant l’enfant d’être disponible à d’autres apprentissages.
A ce jour, il n’existe pas de consensus sur une typologie du TDC (voir rapport INSERM, 2019). Ce terme recouvre une diversité d’atteintes (motricité globale, motricité fine, graphisme, compétences visuo-spatiales) et une répercussion variable dans la vie de l’enfant.
Ce qui doit alerter ?
- Retard dans le développement psychomoteur (quatre pattes, marche, course, saut, lancer…)
- Peu d’exploration motrice spontanée, stratégie d’évitement (refuse d’aller au parc, évite les jeux de manipulations fines…)
- Manque d’aisance dans les activités motrices (vélo, natation, sports individuels et/ou collectifs)
- Maladresse dans les déplacements (chute, se cogne) et dans la manipulation des objets (casse, renverse)
- Manque d’aisance dans les jeux de motricité fine
- Peu d’attrait vers les jeux de construction (puzzles, Lego, kappla)
- Peu d’investissement des activités graphiques, pauvreté des dessins
- Difficultés d’écriture
- Difficultés ou lenteur dans les activités de vie quotidienne : l’habillage, le chaussage, les repas et les soins d’hygiène
- Difficultés de manipulation des outils scolaire (ciseaux, règles, compas…)
- Difficultés d’organisation (préparer le cartable, organiser un classeur…)
- Difficultés à se repérer dans le temps et l’espace (se repérer dans l’établissement scolaire, opération, tableau, géométrie…)
Que faire ?
Si des inquiétudes sont soulevées, il sera nécessaire d’en informer le médecin de l’enfant. Le médecin pourra alors faire une orientation vers la PCO (Plateforme d’Orientation et de coordination) ou prescrire un bilan ergothérapique et/ou psychomoteur et/ou orthoptique normé (résultats chiffrés permettant de situer l’enfant par rapport à sa classe d’âge et observations cliniques) pour apprécier la sévérité et la typologie des difficultés. Une orientation vers un ophtalmologue sera proposée si la vue n’a pas été vérifiée.
Des aménagements scolaires pourront être proposés dans le cadre d’un PPRE (Programme Personnalisé de Réussite Educative) pour notamment proposer une adaptations des activités graphiques. Si nécessaire, l’intervention du réseau d’aides spécialisées des élèves en difficulté (RASED) pourra être demandée. Si les difficultés sont durables, un PAP (Plan d’Accompagnement Personnalisé) pourra être mis en place. La MDPH ou MDA (Maison Départementale des Personnes Handicapées ou Maison De l’Autonomie) sera sollicitée pour des demandes de compensation spécifique (services de soin, AESH, MPA, AEEH…). Les aménagements scolaires seront alors notifiés dans le PPS (Projet Personnel de Scolarisation) et suivis par un enseignant référant handicap (ERH).
Les aménagements scolaires nécessaires (allègement de l’écrit, ne pas pénaliser le manque de soin…) peuvent et doivent être mis en place SANS ATTENDRE LE DIAGNOSTIC médical.
Comment diagnostiquer ?
D’après le DSM-5, le diagnostic du TDC s’établit selon 4 critères :
- L’acquisition et l’exécution de bonnes compétences de coordination motrice sont nettement inférieures au niveau escompté pour l’âge chronologique compte-tenu des opportunités d’apprendre et d’utiliser ces compétences. Les difficultés se traduisent par de la maladresse (ex: laisser échapper ou heurter des objets), ainsi que de la lenteur et de l’imprécision dans la réalisation de tâches motrices (ex: attraper un objet, utiliser des ciseaux ou des couverts, écrire à la main, faire du vélo ou participer à des sports).
- Les déficiences des compétences motrices du critère A interfèrent de façon significative et persistante avec les activités de la vie quotidienne correspondant à l’âge chronologique (ex: les soins et l’hygiène personnelle) et ont un impact sur les performances scolaires, ou/et les activités pré- professionnelles et professionnelles, les loisirs et les jeux.
- Le début des symptômes date de la période développementale précoce.
- Les déficiences des compétences motrices ne sont pas mieux expliquées par un handicap intellectuel ou une déficience visuelle et ne sont pas imputables à une affection neurologique motrice (infirmité motrice cérébrale, dystrophie musculaire, maladie dégénérative).
Le diagnostic du TDC s’établit dans le cadre d’une évaluation pluridisciplinaire selon une démarche de diagnostic différentiel par exclusion. Il s’agira de s’assurer que les difficultés de l’enfant ne sont pas mieux expliquées par une pathologie secondaire. Le diagnostic ne pourra s’établir avant l’âge de 5 ans compte tenu d’une variabilité du développement moteur dans l’enfance. Une évaluation à distance suite à la mise en place d’une rééducation (recul évolutif) est indispensable afin d’évaluer la persistance ou non des symptômes, et ainsi différencier un simple retard de développement moteur, qui va ensuite être rattrapé par l’enfant, d’un trouble durable.
Et ensuite?
Les soins (ergothérapiques et/ou psychomoteurs) permettent à l’enfant de progresser dans le domaine concerné mais également de s’appuyer sur ses points forts pour contourner ses difficultés et mettre en place des stratégies de compensation. Dans la grande majorité des situations, ces soins, en complémentarité avec les aménagements scolaires et éventuellement la mise en place d’un matériel pédagogique adapté (MPA) permettent à l’élève de réaliser ses apprentissages. Le TDC étant un trouble durable, l’élève conservera toujours des difficultés motrices, même légères. La majorité des élèves concernés par ce trouble pourra prétendre au même parcours scolaire que ses pairs y compris dans les études supérieures. Dans le cas difficultés sévères avec trouble associé, un enseignement spécialisé pourra être envisagé.